L'agriculture au Sénégal

 L’AGRICULTURE AU SÉNÉGAL, UN SECTEUR PORTEUR

Le développement de l’agriculture est au coeur du Plan Sénégal Emergent (PSE) à travers le volet Programme de Relance et d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture au Sénégal (PRACAS). Ce volet stipule l’autosuffisance en riz par la riziculture irriguée et pluviale, la production arachidière dans le cadre d’une approche chaîne de valeur et le développement du maraîchage et de l’horticulture, un segment dédié principalement à l’export.

Le potentiel agricole de ce pays sahélien, membre de l’Union Economique Monétaire Ouest Africain (UEMOA) et de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est varié. Les terres exploitables sont vastes notamment dans la vallée du fleuve Sénégal et en Casamance, zones privilégiées de la culture du riz , mais aussi dans la région du Baol, l’historique bassin arachidier. Des chaines de valeurs se mettent en place et d’importantes industries de transformation sont déjà opérationnelles. Le pays dispose des capacités nécessaires pour passer du statut net d’importateur de produits alimentaires à celui d’exportateur.

Pour couvrir les besoins du pays en riz, la production de cette denrée doit passer d’une moyenne de 300 000 tonnes par an à 1, 6 million de tonnes de riz paddy (riz non transformé) en 2018. Le Ministère sénégalais de l’Agriculture estimait à 800 milliards de FCFA les besoins en investissements nécessaires pour atteindre cet objectif. L’autosuffisance en riz aura des conséquences macroéconomiques positives en réduisant des importations qui mobilisent en moyenne 150 milliards de FCFA en devises par an et représentent 16 % du déficit de la balance commerciale.

Les projections du PSE portent également sur une production d’1 million de tonnes d’arachides à l’horizon 2017. Cet élan s’accompagne d’une stratégie de politique de substitution de 20 à 30 % des huiles importées par la production locale. Ce qui suppose un processus de mise à niveau et d’extension de l’outil industriel de transformation de l’arachide.

Dans ce cadre, le PSE s’accompagne d’un certain nombre de réformes dont la facilitation de l’accès au foncier et la mise en place d’un cadre juridique adapté aux entreprises exportatrices. Alors que la vocation de la culture céréalière est d’abord de satisfaire les besoins nationaux et que la filière arachidière est adossée aux huileries locales, il y a un troisième secteur au potentiel export élevé : l’horticulture.

Le PSE prévoit la mise en place de 100 à 150 fermes agricoles intégrées, notamment dans le domaine de l’horticulture, des cultures céréalières et de l’aviculture.A terme, l’objectif est de réorganiser la production autour des agropoles afin de développer la transformation et l’agroalimentaire. A côté de la production agricole industrielle, les niches de l’agriculture biologique recèlent un potentiel certain de développement à l’export à condition d’organiser les producteurs dans la labellisation et de les accompagner dans les circuits de commercialisation.

Le potentiel export de l’horticulture

En effet, en plus des céréales et des arachides, il faut noter la forte progression des exportations de produits horticoles qui sont passées de 9 300 tonnes en 2000 à 67 000 en 2013 soit une augmentation de 700 %. Cette progression s’est accompagnée aussi d’une diversification des exportations qui sont sorties du monoproduit (haricot vert) pour embrasser une gamme élargie (haricot vert, tomate, melon, maïs doux, radis, pastèque…).

L’impact socio-économique sur le monde rural est important. Le secteur emploie 15 000 permanents et réalise un chiffre d’affaires à l’export de 100 millions d’euros. Ces cultures horticoles qui sont possibles seulement durant la saison dite froide, entre novembre et mars, attirent beaucoup d’investisseurs internationaux. L’augmentation sensible des exportations positionne l’« Origine Sénégal » sur les marchés de l’Union Européenne. Située à l’intersection des routes maritimes, à proximité de l’Europe (5 heures par avion) et des infrastructures portuaires et aéroportuaires modernes, le Sénégal dispose d’une importante marge de développement de la filière fruits et légumes.

Tout en saluant les mesures contenues dans le PSE, les opérateurs estiment que l’amélioration de certains aspects de la politique d’accompagnement du secteur contribuera à augmenter l’attractivité du Sénégal. Ainsi, la vulgarisation du nouveau Code Général des impôts dans ses modalités d’application est essentielle pour améliorer les relations entre administrateurs et administrés. De même que l’application des conventions fiscales avec certains pays de l’UE, destinataires des exportations, se traduira par une hausse des volumes des produits agricoles labellisés « Origine Sénégal ».

La compétitivité de l’horticulture au Sénégal repose certes sur des facteurs intrinsèques mais aussi un bon accompagnement du secteur et une sécurité juridique et fiscale. La stabilisation du statut des Entreprises Franches d’Exportation (EFE) paraît essentielle en tant que principal cadre de l’exportation des produits horticoles.

L’absence de nouveaux agréments délivrés depuis 2013 et les menaces de suppression qui pèsent sur ce régime depuis 2012 poussent les investisseurs à la prudence. Accordé aux entreprises agricoles, industrielles et aux téléservices qui exportent au moins 80 % de leur production, le statut d’Entreprise Franche d’Exportation (EFE) permet de bénéficier d’un taux d’imposition sur les sociétés à 15 %, en plus de l’exonération de l’impôt sur les salaires, sur les droits d’enregistrement et de timbre, sur la contribution des patentes et les droits et taxes sur l’équipement de production et les matières premières.

En vue d’apporter davantage de sécurité aux investisseurs, l’Etat doit traiter la question foncière soumise aux contraintes environnementales (Code de l’Environnement), en clarifiant notamment les prérogatives des différents intervenants. Les risques de spéculation restent importants. La difficulté d’obtenir des baux de l’Etat, l’absence d’une politique systématique de valorisation du capital foncier à travers les titres fonciers font parties des causes expliquant la frilosité du secteur bancaire pour l’agriculture en général.

L’élevage : modernisation et structuration

L’élevage au Sénégal évolue dans un registre principalement traditionnel. Le PSE prévoit le développement accéléré des filières bétail-viande, lait, cuirs et peaux et aviculture à travers des investissements dans le renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation de la production animale.

L’élevage contribue pour 29,1 % à la formation du secteur primaire et 4,2 % au PIB du Sénégal sur la période 2000- 2012. Ce sous-secteur joue un rôle socio-économique très important : 350 000 familles, soit environ 3 millions d’individus vivent de l’élevage.Selon la direction de l’élevage, le Sénégal comptait en 2010 environ 3 millions de têtes de bovins, plus de 4 millions d’ovins et 5 millions de caprins, soit un capital-bétail d’une valeur de 550 milliards de FCFA (1,2 milliard de dollars).

Seul 10 % de ce capital est exploité. En 2012, la production de viande était estimée à 189 729 tonnes dont 41 % pour la viande bovine et 30 % pour la volaille. Le secteur avicole bénéficie d’un changement de consommation alimentaire. En effet, depuis 2000, les sénégalais ont tendance à consommer plus de poulet.La part de ce produit de consommation s’est ainsi envolée de 19 % en 2000 à 37 % en 2007 *. L’aviculture représente 17 % du PIB de l’élevage avec un chiffre d’affaires estimé à 130 milliards de FCFA en 2011 et 500 000 emplois directs et indirects.

La filière bénéficie de l’interdiction d’importation de poulets depuis 2005.

Actuellement peu développée, l’aquaculture présente des opportunités énormes compte tenu de l’évolution de la demande nationale et internationale et de la volonté des pouvoirs publics de développer des pôles industriels intégrés de transformation industrielle.

Le grand défi de l’élevage au Sénégal reste la mutation d’un système pastoral extensif (de plus en plus contraignant compte tenu du développement de l’agriculture) vers l’industrialisation et la productivité. Ce qui suppose des investissements massifs dans la chaîne de valeur, des fermes au centre d’abattage en passant par un circuit de commercialisation modernisé. Le suivi du cheptel, la vaccination massive, l’insémination artificielle, la stabilisation et le développement des cultures fourragères constituent la voie de passage obligée d’un élevage traditionnel à un élevage productiviste